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Full text of "Thèse presentée et publiquement soutenue à la Faculté de médecine de Montpellier, le 15 février 1840"

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SCIENCES  IttÉDICAEES. 

Déterminer  si  les  différences  Qu’offrent  certaines  maladies,  et  qui 
en  constituent  des  variétés , sont  représentées  par  des  altérations 
anatomiques  qui  leur  correspondent. 

SCIENCES  CHIRURGICAEES. 

De  la  délivrance  naturelle. 

ANATOMIE  ET  PHTSIOLOGIE. 

Déterminer  si  toutes  les  membranes  dites  muqueuses  sécrètent  un 
mucus  composé  de  globules  analogues. 

SCIENCES  ACCESSOIRES. 

Exposer  les  circonstances  et  la  théorie  d’un  courant  électrique 
produit  par  les  actions  chimiques. 


IS”  10. 


THÈSE 

ÏSIÉSHTÉ®  BT  rmi«D®ÏŒSfT  SOUTSKISE 

A LA  FACULTÉ  DE  MÉDECIIfE  DE  MONTPELLIER,  LE  15  FÉVRIER  18i0  ; 

PAR 

MOlilNîlEll 

( CLAUDE-MABIE-HENRI  ) , 

de  Verfeil  ( Tarn-et-Garonne  ) ; 

POUR  OBTENIR  LE  GRADE  DE  DOCTEUR  EN  MÉDECINE. 


MONTPELLIER  , 

IMPXUUERIE  DE  VEUVE  RICARD  , NÉE  GRAND  , PLACE  d’enCIVADE,  3 

i840. 


rACÜLTÉ  DE  MÉDECINE 


DE  MOKTPELLIER. 


.M^OOPiTr—  

PROFESSEURS. 

MM.  CAIZERGUES , Doyen.  Clinique  médicale. 

BROUSSONNET. 

LORDAT. 

DELIEE,  Prés. 

LALLEMAND. 

DÜPORTAL. 

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DELMAS,  Suppl. 


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Clinique  médicale. 

Physiologie. 

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Clinique  chirurgicale. 

Chimie  médicale  et  Pharmacie. 
Anatomie. 

Accouchements. 

Thérapeutique  et  Matière  médicale. 
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Pathologie  médicale. 


Clinique  chirurgicale. 

Chimie  générale  et  Toxicologie. 
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BISUENO  D’AMADOR,  Exam.  Pathologie  et  Thérapeutique  générales. 
ESTOR.  Opérations  et  Appareils. 

Pathologie  externe. 

Projesseur  honoraire  : M.  Aug.-Pyr.  DE  CANDOLLE. 


AGREGES  EN  EXERCICE. 


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Trinquier,  Examiaateur. 
Lescellière-Laeosse. 
Franc  , Exam. 
Jalaguier. 

Bories. 


La  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier  déclare  que  les  opinions  émises 
dans  les  Dissertations  qui  lui  sont  présentées  , doivent  être  considérées 
comme  propres  à leurs  auteurs;  qu’elle  n'entend  leur  donner  aucune  ap- 
probation ni  improbation. 


A lA  MÉMOIRE  DE  MON  PÈRE. 


Regrets  ! 


A mon  entrée  dans  une  carrière  où  tout  mon  désir  sera  de 
contribuer  d votre  bonheur  , je  sens  le  besoin  de  vous  exprimer 
ma  reconnaissance  pour  la  tendre  sollicitude  que  vous  m’avez 
toujours  prodiguée. 


A LA  MÉMOIRE  DE  MA  TANTE  , 

Marie- Aivive-IIen^riette  MOlilA^IEU  » 

MA  BIENFAITBICE  !!!.... 


A MES  SŒl'RS  ET  A MON  BEAE-ERERE. 

Profond  dévouement. 


A MON  ONCLE  , 

•I ean-JPhHii>pe-]¥icofa8  MOIjINIEUI, 

Je  suis  heureux  de  joindre  votre  nom  d celui  des  personnes 
qui  me  sont  les  plus  chères. 


IL  MOLINIER. 


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SCIENCES  MÉDICALES. 


Déterminer  si  les  différences  qu’offrent  certaines  maladies , et  qui 
en  constituent  des  variétés  , sont  représentées  par  des  altérations 
anatomiques  qui  leur  correspondent. 

Le  problème  de  pathologie  générale  qui  nous  est 
posé  nous  apparaît  sous  une  forme  bien  vague  ; il 
nous  a fait  réfléchir  bien  long-temps  , et  nous  som- 
mes encore  bien  indécis , non-seulement  sur  sa  solu- 
tion , mais , de  plus , sur  les  moyens  que  nous  devons 
employer  pour  arriver  à ce  but.  Cependant  nous 
allons  émettre  les  idées  que  notre  question  nous  a 
suggérées  , et  nous  devons  attribuer  au  peu  d’étendue 
de  nos  connaissances  le  doute  qui  nous  fait  crain- 
dre de  manquer  entièrement  notre  tâche  ; nous  es- 
pérons que  nos  juges  voudront  bien  voir  en  nous  la 
bonne  volonté  et  le  désir  de  bien  faire , et  que  les 
circonstances  les  porteront  à excuser  notre  incom- 
pétence et  les  erreurs  que  nous  pourrions  commettre. 


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Voyons  d’abord  ce  que  nous  devons  entendre  par 
variété  en  général.  Ce  mot  nous  paraît  créé  pour 
désigner  une  manière  d’être  particulière  qui  diffé- 
rencie certaines  choses,  et  qui,  ne  modifiant  nullement 
le  fond , apporte  de  fort  légères  dissimilitudes  dans 
la  forme.  C’est  surtout  en  histoire  naturelle  que  l’on 
se  sert  de  cette  dénomination;  il  embrasse,  dans 
cette  science , des  groupes  d’individus  semblables  qui 
ne  se  distinguent  d’individus  analogues  et  du  même 
genre  que  par  des  caractères  formels  de  peu  de  signi- 
fication : ainsi , en  botanique  , une  couleur  différente 
de  la  fleur , l’état  glabre  ou  lanugineux  des  feuilles  , 
la  durée  annuelle  , bis-annuelle  ou  vivace,  sont  des 
cas  qui  établissent  tout  autant  de  variétés  du  type. 
Ce  sont  des  choses  qui  se  sentent  mieux  qu’elles  ne 
s’expriment;  et,  par  exemple , en  zoologie , personne , 
le  vulgaire  lui-même  sans  données  scientifiques,  ne 
confondra  avec  d’autres  animaux  le  chien  domes- 
tique , quelque  nombreuses  que  soient  les  variétés 
de  taille , de  pelage  , de  proportion  de  ses  diverses 
parties. 

Mais , en  médecine , nous  avons  beau  chercher  à 
trouver  dans  les  maladies  de  quoi  établir  des  va- 
riétés tranchées  et  distinctes  comme  en  histoire  na- 
turelle, nous  ne  pouvons  réellement  les  y rencon- 
trer. Les  phénomènes  de  l’homme  malade  ne  nous 
paraissent  pas  susceptibles  d’une  classification  aussi 
rigoureuse  ; ce  sont  en  lui  des  changements  que  l’on 


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ue  peut  réellement  décrire.  Toutes  les  maladies  que 
les  observateurs  ont  dénommées  se  ressemblent- 
elles  donc  exactement  toutes  les  fois  qu’elles  se  pré- 
sentent ? Pourra-t-on , leurs  livres  à la  main  , les 
étudier  et  ne  trouver  aucun  changement  aux  ta- 
bleaux qu’ils  en  ont  tracés  ? Ce  n’est  pas  certaine- 
ment là  ce  que  nous  avons  l’intention  de  dire,  et  nous 
sommes  loin  d’avoir  une  telle  idée  des  états  mor- 
bides. Nous  reconnaissons,  au  contraire,  qu’il  y a 
autant  d’individualités  en  pathologie  que  d’individus 
malades:  ces  différencQg , qui  se  trouvent  à chaque 
instant  dans  une  maladie  qui  a le  même  fond , con- 
stituent bien  clairement  des  variétés  ; mais  ces  va- 
riétés, on  ne  peut  guère  les  classer;  elles  se  rappro- 
chent bien  par  certains  caractères  communs,  et  on  leur 
donne  un  nom  générique , mais  les  caractères  diffé- 
rentiels sont  d’une  diversité  que  l’on  ne  peut  rend.'-e 
nettement.  Ce  ne  peut  donc  être  de  ces  sortes  de 
variétés  qu’il  s’agit  dans  notre  question , et  il  nous 
faut  les  chercher  ailleurs. 

Une  circonstance  nous  arrête  maintenant  : c’est 
le  choix  d’une  classification  ; car  il  nous  faut  évi- 
demment partir  d’une  classification  établie  pour  con- 
naître les  variétés  que  cette  classification  a signalées, 
et  rechercher  dans  les  variétés  les  différences  ana- 
tomo-pathologiques. Or  , tous  les  théoriciens  ont 
échoué  dans  ce  point,  et  quand  ils  ont  groupé  les 
maladies , non-seulement  ils  n’ont  pu  établir  des 


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lignes  de  démarcation  tranchées  entre  des  états  mor- 
bides très-voisins , mais  encore  entre  des  groupes 
dont  l’affinité  paraissait  moindre.  D’ailleurs  quelle 
est  la  nomenclature  dont  le  point  de  départ  est  uni- 
que et  qui  embrasse  un  cadre  complet  de  nosologie? 
Certainement  il  n’en  existe  point.  Les  maladies  ne 
peuvent  pas  être  classées  comme  les  plantes , comme 
les  minéraux;  il  y a trop  de  points  de  contact,  trop 
de  versatilité  dans  les  phénomènes  anormaux  de  l’être 
vivant. 

Cependant  , comme  il  nojis  faut , malgré  toutes 
les  difficultés  dont  se  hérisse  notre  sujet , montrer 
que  nous  avons  réellement  cherché  à le  parcourir, 
nous  allons  examiner  les  maladies  qui  présentent 
entre  elles  des  affinités  , sans  être  identiques  , quoi- 
que même  elles  soient  quelquefois  entièrement  dif- 
férentes. 

Cherchons  d’abord  à saisir  les  points  de  contact 
ou  de  dissimilitude  qui  existent  dans  certains  états 
morbides  , classés  au  point  de  vue  de  l’affection.  Il 
est  évident  pour  nous  que  nous  ne  devons  rappro- 
cher que  celles  qui  ont  le  même  siège , dont  la 
scène  pathologique  se  passe  dans  le  même  lieu;  car 
la  différence  de  lieu  et  surtout  de  tissu  constitue- 
rait plus  qu’une  variété , ce  qui  nous  paraît  pou- 
voir être  établi  à priori.  Nous  n’avons  ni  le  temps 
ni  la  prétention  de  parcourir  toute  la  nosologie; 


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ce  que  nous  allons  étudier  nous  servira  seulement 
comme  exemple. 

L’ophthalmie  est  une  inflammation  de  l’œil  ; l’oph- 
thalmie  externe  est  une  inflammation  de  la  conjonc- 
tive qui  peut  s’étendre  à 1a  surface  des  membranes 
sclérotique  et  cornée  ; toutes  les  oplitbalmies  sont 
des  inflammations  de  l’œil.  En  partant  de  l’alTectioii 
comme  base  de  nomenclature  , nous  allons  examiner 
si  les  différences  anatomiques  entraînent  des  diffé- 
rences affectionnelles  ; si  ces  différences  affectionnelles 
constituent  ou  non  des  variétés  ou  quelque  chose  de 
plus. 

L’oplithalmie  traumatique  peut  offrir  à peu  près 
les  mêmes  caractères  anatomiques  que  l’inflamma- 
tion de  la  conjonctive  qui  succédera  à la  suppression 
des  menstrues  , des  hémorroïdes , à la  dessication 
intempestive  d’un  exutoire , etc.  Nous  disons  à peu 
près,  car  nous  ne  serions  plus  d’accord  avec  nous- 
même,  si  nous  exprimions  qu’il  existe  une  ressem- 
blance absolue  ; l’absolu  ne  se  trouve  pas  plus  dans 
la  forme  morbide  que  dans  la  forme  physionomique 
normale. 

Supposons  toutefois  qu’un  médecin  en  soit  réduit 
à diagnostiquer  et  à différencier,  sans  connaître  les 
antécédents , il  ne  trouvera  pas , dans  les  deux  cas , 
de  quoi  établir  une  variété  ; son  traitement  sera  , 
par  conséquent,  le  même  dans  les  deux  cas.  Allons 
plus  loin  : par  un  traitement  identique  , les  deux 

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oplitlialmies  disparaîtront  ; voilà  donc  encore  de  quoi 
établir  une  identité  de  plus  en  plus  complète  ; mais 
il  arrivera  que  l’ophthalmie  traumatique , elTet  dont 
la  cause  n’existait  plus,  n’aura  aussi  plus  de  ten- 
dance à se  reproduire  ; d’autre  part , l’autre  oph- 
tlialmie  reparaîtra , ou  il  se  développera  quelque 
autre  maladie.  Il  fallait  ici  s’adresser  à la  cause 
pour  empêcher  toute  continuation  ou  manifestation 
nouvelle  de  l’effet.  Maintenant , nous  nous  le  de- 
mandons , pouvons-nous  faire  de  ces  deux  ophlhal- 
mies , si  semblables  en  apparence , anatomiquement 
identiques , deux  variétés  ? Non , il  n’y  a point  de 
variété  si  nous  ne  considérons  que  l’œil  ; il  y a 
plus  si  nous  étudions  l’ensemble.  Nous  le  répétons 
encore  , la  variété  n’attaque  jamais  le  fond  , elle 
modifie  légèrement  la  forme.  Et  si  nous  nous  adres- 
sons à la  forme  symptomatique  , pour  un  peu  plus 
ou  un  peu  moins  de  douleur , pour  une  douleur 
gravative,  prurigineuse,  pulsative , ferons-nous  des 
variétés  distinctes  ? Il  faudrait  alors  en  faire  autant 
que  nous  rencontrerions  de  malades. 

Nous  continuons  le  même  sujet  qui  nous  paraît 
offrir  un  vaste  champ  à exploiter  dans  la  question 
qui  nous  occupe.  L’ophthalmie  scrophuleuse  a des 
caractères  anatomiques  qui  la  distinguent  de  l’oph- 
talmie par  irritation  simple.  Nous  avons  donc  à re- 
chercher si  ce  n’est  pas  ici  que  nous  trouverons  à 
établir  nos  variétés.  Comment  pourrions-nous  sup- 


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poser  qu’il  n’y  a que  variété  entre  un  état  morbide 
résultant  d’une  surexcitation  locale,  et  un  autre  dé- 
pendant d’un  état  général  de  l’organisme  aussi  grave 
et  aussi  caractéristique  que  l’affection  scrophuleuse? 
Quelques  sangsues  vont  guérir  l’opbthalmie  irrita- 
tive ; elle  disparaîtra  souvent  d’elle-même.  Quant 
à l’oplithalmie  scrophuleuse  , elle  est  bien  loin  de 
ne  nous  demander  qu’un  traitement  local  et  insigni- 
liant  : nous  avons  ici  à réformer  toute  une  constitu- 
tion viciée  ; nous  sommes  assez  heureux  quelquefois 
pour  guérir , mais  c’est  avec  des  toniques , des  amers , 
une  hygiène  bien  entendue , une  alimentation  forte- 
ment réparatrice.  Nous  avons  donc  affaire  à des  dif- 
férences fondamentales  , essentielles,  et  non  point  à 
des  variétés,  à de  légères  modifications  de  la  forme. 

Les  auteurs  qui  ont  suivi  la  route  tracée  par  Hip- 
pocrate , et  qui  ont  surtout  fait  attention  à l’état  de 
l’ensemble , ont  admis  quatre  tempéraments  princi- 
paux : le  sanguin,  le  bilieux,  le  nerveux  et  le  lym- 
phatique. Ils  ont,  du  même  point  de  vue,  étudié 
l’état  de  l’organisme  entier  dans  les  maladies , et  ont 
regardé  les  affections  locales  comme  se  trouvant  le 
plus  souvent  sous  la  dépendance  d’une  modification 
générale,  ordinairement  fébrile  dans  l’acuité.  Ainsi 
ils  ont  vu  des  maladies  locales  déterminées  ou  entre- 
tenues par  les  fièvres  inflammatoire,  bilieuse,  ner- 
veuse et  muqueuse.  Ils  ont  divisé , par  exemple , la 
pneumonie  en  franche  ou  inflammatoire , en  bilieuse, 


en  muqueuse  ; mais  quoiqu’il  y ait  toujours  inflam- 
mation locale  du  poumon , ce  ne  sont  pas  là  seule- 
ment des  variétés  pour  les  médecins  vitalistes  ; car 
la  fièvre , ou  l’état  général , est  presque  tout  pour 
eux;  la  pneumonie  n’est  qu’une  forme,  et  sous  l’in- 
fluence de  la  même  manière  d’être  générale  , il  aurait 
pu,  sans  beaucoup  de  changement,  se  produire  une 
gastrite,  une  colite,  etc. 

Nous  n’avons  pas  à rechercher  ici  si  les  altérations 
anatomiques  ressortissent  à chacune  de  ces  maladies 
et  les  différencient;  car  nous  venons  de  prouver  que 
le  mot  de  variété  ne  leur  est  pas  applicable. 

Nous  ne  trouverons  guère  de  variétés  chez  les  mé- 
decins qui  ont  classé  les  maladies  d’après  l’affection; 
car  ils  ont  négligé  la  forme,  pour  s’attacher  à ce 
qu’il  y avait  de  fondamental,  à ce  qui  pouvait  leur 
fournir  des  indications. 

Il  nous  faut  donc  tourner  nos  vues  d’un  autre  côté, 
et  chercher  un  autre  point  de  départ  dans  la  classifi- 
cation. Nous  prendrons,  pour  continuer  notre  travail, 
l’école  organique , et  nous  signalons  d’abord  un  écueil 
que  nous  reconnaissons  ; celle  école  est  partie  de  l’étal 
anatomique  pour  établir  les  différences  des  maladies  : 
donc  les  variétés  qu’elle  constitue  présenteront  des 
caractères  anatomo-pathologiques  distincts.  Cependant 
il  ne  nous  sera  pas  inutile  de  jeter  un  coup  d’œil  sur 
leur  classification  ; car  nous  pourrons  arriver  à cer- 
tains résultats , tout  en  retournant  notre  question , et 


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nous  posant  celle-ci  : des  alléralious  anatomiques 
correspondeut-elles  à des  différences  dans  l’état  affec- 
lionnel  et  symptomatique  des  maladies? 

L’école  anatomo-pathologique  a groupé,  sous  le 
même  nom  générique , des  maladies  qui  offrent  des 
différences  dans  leurs  symptômes , et  des  différences 
dans  l’altération  organique  ; quelques-unes  de  ces 
maladies  peuvent  être  regardées  comme  des  variétés, 
malgré  le  moins  d’exactitude  du  mot  que  dans  les 
sciences  naturelles.  Ainsi  Berlin,  elaprès  lui  Bouillaud, 
ont  distingué  trois  variétés  de  l’hypertrophie  du  cœur  ; 
l’hypertrophie  excentrique  , concentrique  et  simple. 
C’est  peut-être  l’exemple  où  nous  trouvons  les  condi- 
tions les  plus  évidentes  pour  leur  donner  le  nom  de 
variétés.  En  effet,  la  différence  anatomique  est  peu 
considérable  , et  les  différences  symptomatiques  ne 
sont  pas  trés-éloignées. 

Mais  aussi  le  même  nom  générique  a servi  pour 
désigner  des  états  pathologiques  Lien  différents  par 
leur  nature.  Nous  allons  eu  trouver  qui  présentent 
des  dissimilitudes  dans  leurs  symptômes,  des  dissi- 
militudes dans  l’altération  anatomique,  et  qui,  sous 
ce  rapport  et  sous  celui  d’une  dénomination  com- 
mune , paraîtraient  devoir  rentrer  dans  le  cadre  de 
notre  question,  et  la  résoudre  d’une  manière  affir- 
mative. Cependant  il  n’en  sera  point  ainsi;  car,  malgré 
toutes  ces  circonstances,  ils  constitueront,  ainsi  qu’on 
va  le  voir , bien  autre  chose  que  des  variétés.  Prenons 


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pour  exemple  le  groupe  nombreux  et  varié  des 
arthrites , admis  par  les  disciples  de  Broussais  ; nous 
retrouverons  dans  leurs  écrits  des  arthrites  aiguës  et 
chroniques , simples , rlmmatismales , goutteuses. 

Ne  sont-ce  là  que  des  variétés  ou  des  maladies 
dont  le  fond  est  essentiellement  différent?  L’arthrite 
aigüe  présente  de  la  violence  dans  les  symptômes , 
de  la  rapidité  dans  sa  marche  ; elle  s’accompagne 
de  beaucoup  de  douleur  , de  tuméfaction , de  cha- 
leur , de  rougeur  de  l’articulation  affectée  ; ses  ca- 
ractères anatomiques  sont  l’injection , le  ramollisse- 
ment , la  suppuration  des  surfaces.  Mais , dans  l’ar- 
thrite chronique,  nous  ne  voyons  pas  seulement  la 
même  maladie  ayant  diminué  d’intensité  dans  les 
symptômes  ; nous  y rencontrons  les  tumeurs  blanches 
rhumatismale  et  scropliuleuse , c’est-à-dire  des  ma- 
ladies locales  sous  la  dépendance  d’un  état  général, 
et  d’un  état  général  bien  différent  dans  les  deux  cas. 
Dans  l’arthrite  aigüe  simple,  il  y a dans  une  arti- 
culation un  travail  phlegmasique  qui  retentit  sur  l’or- 
ganisme et  détermine  la  réaction  fébrile , s’il  est  assez 
intense  ; dans  le  rhumatisme  (arthrite  rhumatismale) , 
il  y a une  manière  d’étre  générale  qui  porte  surtout 
ses  effets  sur  les  tissus  fihro-séreux , qui  disparaît 
d’une  jointure  d’un  jour  à l’autre;  ce  qui  n’arrive 
pas  dans  l’arthrite  traumatique  : dans  le  rhumatisme, 
une  fièvre  à caractère  souvent  indécis  précède  d’or- 
dinaire de  plusieurs  jours  la  douleur  et  les  autres 


15 

symptômes  locaux.  Les  médecins  organiciens  ont  été 
obligés  d’admettre  pour  le  rhumatisme  une  prédis- 
position générale;  ainsi  M.  Roche  pense  qu’il  est 
déterminé  par  un  excès  d’hématose.  La  goutte  ( ar- 
thrite goutteuse  ) revient  par  accès , est  très-fré- 
quemment héréditaire  ; on  ne  lui  connaît  que  des 
traitements  palliatifs  ; sa  disparition  devient  même 
quelquefois  le  signal  d’une  maladie  plus  grave.  Elle 
a des  liens  de  parenté  fort  étroits  avec  la  gravelle  ; 
elle  déforme  les  articulations , et  donne  lieu  aux 
concrétions  calculeuses  nommées  tophus  articulaires. 
Voilà  donc  assez  de  différences , soit  anatomiques  , 
soit  symptomatiques  ; mais  ces  différences  présentent 
entre  elles  des  distances  trop  grandes  , pour  que 
toutes  ces  arthrites  ne  constituent  que  des  variétés  : 
il  nous  semble , au  contraire , qu’elles  embrassent 
toutes  les  maladies  organiques  des  jointures. 

Nous  pouvons  appliquer  les  mêmes  reproches  aux 
divisions  établies  par  Bayle  dans  la  phthisie  pulmo- 
naire. Le  cancer  n’est  certainement  pas  la  même 
chose  que  le  tubercule  ; le  tubercule  diffère  bien  de 
la  mélanose  ; la  mélanose  offre  beaucoup  de  dissi- 
militude avec  un  calcul , une  concrétion  calcaire  ; 
mais  ces  différences  sont  plus  que  des  variétés  ; il 
n’y  a d’identique  que  le  siège , et  Bayle  avait  fait 
des  phthisies tuberculeuses,  cancéreuses,  mélaniques, 
calculeuses. 

Certains  nosographes  ont  institué  des  variétés  dans 


i6 

toute  la  force  du  terme  , des  variétés  comme  les 
naturalistes  ; mais  leurs  variétés  sont  souvent  pure- 
ment anatomiques,  et  ne  changent  rien  aux  symp- 
tômes , à moins  que  par  là  on  ne  veuille  entendre 
la  couleur  et  la  forme  qui  sont  leurs  points  de  départ, 
et  qui  constituent  plutôt  des  caractères  anatomiques. 
On  sait  qu’Alihert  avait  groupé  les  maladies  de  la 
peau  sous  la  forme  allégorique  d’un  arbre  aux  bran- 
ches étendues , et  les  avait  subdivisées  comme  le  tronc , 
les  rameaux , les  ramuscules  , les  feuilles  et  les  fo- 
lioles. Les  teignes , les  dartres , ce  sont  pour  lui  des 
variétés  à la  moindre  nuance  de  couleur,  de  gran- 
deur, de  direction;  ce  qui  n’a  pas  enrichi  beaucoup 
la  thérapeutique.  M.  Devergie,  classant  aussi  les  ma- 
ladies syphilitiques  un  peu  dans  ce  genre,  a admis 
des  syphilides  en  grappe,  etc.  Mais  ici,  répétons, 
la  différence  se  tire  du  caractère  ; et , bien  que  sur  le 
vivant , ce  caractère  n’est  pas  un  symptôme. 

Après  les  dermatologues  viennent  les  auteurs  d’oph- 
talmologie, dont  toutefois  certaines  divisions,  qui 
établissent  encore  des  variétés  réelles,  donnent  lieu  à 
quelques  différences  symptomatiques,  et  même  à des 
indications  de  traitement,  ce  qui  est  plus  important 
pour  le  médecin.  Ainsi,  les  cataractes  noire,  lai- 
teuse, dure,  molle,  siliqueuse  ; les  amauroses  con- 
gestives , sthéniques  , asthéniques  , constituent  des 
variétés  que  les  Allemands  surtout  ont  étudiées  sous  le 
triple  rapport  de  la  forme  matérielle , de  la  révélation 


17 


symptomatique  (différence  dans  la  marche  surtout) 
et  du  traitement  le  plus  approprié. 

Ce  que  nous  avons  dit  jusqu’ici  va  nous  servir  à 
résumer  nos  idées  sur  la  réponse  qui  nous  paraît  de- 
voir être  faite  à la  question  que  le  sort  nous  a 
désignée. 

Le  mot  variété  n’est  guère  applicable,  dans  son 
acception  ordinaire , à des  groupes  de  symptômes , à 
des  maladies  ; car,  ou  les  nuances  sont  bien  tranchées, 
ou  les  différences  sont  fugitives,  légères  et  insuscep- 
tibles de  classification  rigoureuse.  Ainsi,  les  médecins 
vitalistes  ne  se  sont  guère  occupés  de  variétés  ; ils 
ont  établi  des  divisions  plus  larges.  En  anatomie 
pathologique , la  variété  peut  reparaître  avec  ses  véri- 
tables droits  ; mais  ici  ce  sont  surtout  les  écrivains 
sur  les  maladies  de  la  peau  qui  nous  donnent  des 
exemples  de  ces  subdivisions  qu’ils  poussent  souvent 
bien  loin  : d’autres  foison  croit,  par  la  nomencla- 
' ture , à des  variétés , et  l’on  tombe  sur  des  maladies 
essentiellement  différentes. 

La  question  qui  nous  a été  posée  se  rapproche 
beaucoup  de  celle-ci  ; Y a-t-il  un  rapport  constant 
entre  tel  ou  tel  symptôme  , et  telle  ou  telle  altération 
anatomique?  Si  celle-ci  se  résout  par  la  négative, 
la  réponse  rejaillit  sur  la  première.  Or,  il  y a uue 
foule  de  symptômes  sans  lésion  organique  appréciable, 
symptômes  qui  cependant  font  croire  à des  altérations 
de  tissu;  d’autre  part,  beaucoup  d’altérations  de  tissu, 

3 


18 

\ 

constatées  par  l’autopsie , et  reconnues  identiques , se 
sont  accompagnées  de  phénomènes  morbides  différents 
pendant  la  vie. 


19 


SCIENCES  CHIRURGICALES. 


De  la  déliyiance  naturelle. 


L’acte  de  la  parturilion  se  compose  de  deux  pé- 
riodes bien  distinctes  : l’expulsion  du  fœtus  et  celle 

ê 

de  ses  annexes  ; c’est  à cette  dernière  que  l’on  a donné 
le  nom  de  délivrance.  On  l’a  ainsi  appelée  , parce  que 
la  placenta  et  les  membranes  ont  reçu  la  dénomina- 
tion de  délivre  , dénomination  qui  nous  paraît  tenir 
elle-même  à ce  que  leur  sortie  annonce  la  termi- 
naison du  travail  expulteur  de  l’utérus. 

Comme  l’accoucbement  proprement  dit , ou  l’ex- 
pulsion du  fœtus,  l’expulsion  de  l’œuf  peut  être  na- 
turelle ou  artificielle , spontanée  ou  provoquée  , fa- 
cile ou  difficile.  Dans  l’un  comme  dans  l’autre  de 
ces  cas , la  nature  peut  se  suffire  à elle-même , n’a  voir 
besoin  que  d’être  surveillée  et  suivie  pas  à pas  ; l’ac- 
coucheur n’est  que  son  ministre  : medicus  nalurce  mi- 
nisler  ; ou  bien  certaines  circonstances  générales  ou 
locales , dépendant  de  la  mère  ou  de  l’œuf  , enrayent 
la  tendance  de  l’organisme  à se  débarrasser  des  se- 


20 

condliics  ; l’homme  de  l’art  doit  intervenir  d’une 
manière  puissante,  et  faire  ce  que  la  nature  ne  peut 
obtenir.  Cependant , même  dans  la  circonstance  de 
délivrance  naturelle,  l’accoucheur  prend  une  cer- 
taine part  au  travail,  et  facilite,  comme  nous  le 
verrons  , son  accomplissement  : en  sorte  qu’il  est  assez 
difficile  d’établir  une  définition  qui  sépare  exacte- 
ment la  délivrance  naturelle  de  la  délivrance  arti- 
ficielle ; car  , aussi  dans  cette  dernière , la  mère  est 
le  plus  souvent  pour  quelque  chose  dans  l’acte , et 
's’y  comporte  d’une  manière  plus  ou  moins  active. 

Nous  dirons,  en  conséquence,  sans  avoir  la  pré- 
tention d’arriver  à une  définition  rigoureusement 
exacte  , que  nous  avons  cru  devoir  comprendre  , sous 
le  nom  de  délivrance  naturelle  , Vexpulsion  du  dé- 
livre opérée  sans  provocation  artificielle  , et  dans  la- 
quelle le  médecin  se  borne  à favoriser  et  à seconder  les 
efforts  puissants  de  la  nature. 

L’époque  de  l’expulsion  naturelle  de  l’arrière-faix 
ne  se  fait  d’ordinaire  pas  long-temps  attendre  après 
que  la  sortie  du  fœtus  est  accomplie  ; toutefois,  cette 
époque  est  variable  , et  peut  être  instantanée  ou 
retardée  des  heures  et  même  des  jours  ; disons  ce- 
pendant que , dans  ce  dernier  cas , l’état  particulier 
dans  lequel  se  trouve  la  matrice  , l’état  général  des 
forces  de  la  mère , indiquent  le  plus  souvent  l’ex- 
traction ou  délivrance  artificielle. 

Les  principales  circonstances  qui  déterminent  des 


21 


tliangemeuts  dans  l’époque  de  la  sortie  du  délivre , 
sont  : l’état  des  forces  de  la  mère , la  durée  et  l’é- 
nergie du  travail  de  l’accouchement , l’intensité  des 
contractions  utérines  , et , enfin  , la  disposition  par- 
ticulière du  col.  Nous  ne  parlerons  pas  ici  des  pla- 
centas chatonués  , adhérents  , de  l’inertie  , de  l’hé- 
morrhagie , etc. , conditions  dans  lesquelles  la  déli- 
vrance est  ordinairement  purement  artificielle. 

Si  la  mère  a été  considôrahlement  affaiblie  par 
l’acte  de  l’accouchement,  il  peut  arriver  que  la  con- 
tinuation de  cette  faiblesse  retarde  les  efforts  d’ex- 
pulsion du  placenta  et  des  membranes;  le  contraire 
arrive , si  la  femme  conserve  encore  une  énergie  gé- 
nérale considérable.  Toutefois  il  est  une  circonstance 
qui  modifie  celle  dont  nous  venons  de  parler  : ainsi 
la  mère  a beau  être  forte , si  l’accouchement  s’est 
opéré  avec  beaucoup  de  promptitude , la  sortie  du 
délivre  est  ordinairement  retardée;  d’autre  part,  bien 
qu’elle  présente  un  certain  degré  de  faiblesse  , la 
délivrance  peut  être  prompte,  si  l’accouchement  a duré 
fort  long-temps,  et  a exigé  de  la  part  de  l’utérus 
des  contractions  nombreuses  et  soutenues.  La  raison 
de  ces  différences  est  facile  à saisir.  Nous  verrons, 
en  effet,  plus  bas,  que  le  travail  expulteur  des  an- 
nexes fœtales  commence  normalement  avant  la  sortie 
du  fœtus  lui-même,  et  que  la  môme  cause  qui  chasse 
l’enfant  de  l’enceinte  utérine  décolle  le  placenta  de 
ses  connexions  avec  l’utérus.  Or,  si  les  contractions 


22 


utérines,  qui  sont  cette  cause,  se  sont  prolongées, 
multipliées;  si  elles  ont  présenté  beaucoup  d’inten- 
sité, il  devient  évident  que  la  plus  grande  partie  du 
travail  de  la  délivrance  sera  terminée  avant  l’expul- 
sion de  l’enfant  ; que  si , au  contraire , l’issue  du  ' 
fœtus  a nécessité  fort  peu  d’intensité  dans  l’action  de 
l’utérus , il  y aura  eu , de  la  part  de  cet  organe , 
encore  fort  peu  d’influence  sur  l’expulsion  placen- 
taire, alors  que  l’expulsion  fœtale  se  trouvera  ac- 
complie. 

Après  que  l’enfant  est  sorti  de  la  cavité  de  la  ma- 
trice, si  le  placenta  ne  se  présente  pas  immédiate- 
ment , il  arrive  assez  fréquemment  que  le  col  revient 
sur  lui-même , et  s’oppose  à la  sortie  du  délivre  qui 
est  comme  emprisonné  dans  la  cavité  du  corps  de 
l’utérus.  Il  s’y  trouve  dès  lors  comme  l’enfant  s’y 
trouvait  à une  certaine  époque  du  travail  ; le  même 
mécanisme  doit  l’en  chasser.  Aussi  de  nouvelles  dou- 
leurs tendent-elles  à opérer  la  dilatation  du  col  utérin. 
Donc  la  difficulté  plus  ou  moins  grande  qu’une  foule 
de  circonstances  que  nous  ne  devons  point  mentionner 
peuvent  opposer  à cette  dilatation , sera  une  cause 
de  plus  ou  moins  de  prolongation  de  l’acte  expulteur. 

A quelque  époque  que  s’opère  la  délivrance  na- 
turelle; quel  que  soit  l’intervalle  de  temps  qui  la 
sépare  de  l’accouchement  proprement  dit , elle  se 
compose  de  deux  temps  bien  distincts  , dont  nous 
allons  étudier  le  mécanisme  physiologique  : le  pre- 


23 


ûiier  consiste  dans  le  décollement  du  placenta  ; le 
second  comprend  son  trajet  dans  le  conduit  utéro- 
vulvaire. 

1“  Décollement  du  placenta.  — Greffé  sur  des  points 
variés  des  parois  utérines,  le  placenta  est  un  corps 
spongieux,  non  contractile,  dont  les  adhérences  avec 
la  matrice  sont  fort  délicates.  Cette  absence  de  con- 
tractilité de  sa  part  est  essentielle  à noter,  si  nous 
voulons  nous  rendre  compte  de  la  manière  dont  il  se 
détache. 

Les  contractions  de  l’utérus  agissent  sur  la  forme, 
sur  le  mode  d’être  physique  de  cet  organe  , comme 
sur  toute  partie  musculaire  ; elles  diminuent  l’étendue 
en  surface,  et  augmentent  les  dimensions  en  épaisseur. 
Or,  la  surface  sur  laquelle  le  placenta  s’insère  se 
trouvant  diminuée  dans  ses  différents  diamètres,  par 
le  rapprochement  des  libres  utérines , il  en  résulte 
que  le  placenta,  ne  pouvant  se  contracter,  doit  se  fron- 
cer dans  ces  points,  et,  par  des  secousses  répétées,  se 
détacher  de  son  insertion  utérine. 

Le  mécanisme  du  décollement  ne  nécessite  aucune 
autre  explication , et  la  nature  peut  se  passer  facile- 
ment du  muscle  orbiculaire  que  Iluysch  avait  imaginé. 
D’ailleurs,  comme  le  fait  remarquer  Gardien,  com- 
ment l’utérus  posséderait-il  un  muscle  orbiculaire 
destiné  à l’expulsion  du  délivre  ? La  position  du  pla- 
centa est  si  variée , que  ce  muscle  devrait  changer  de 
situation,  non-seulement  selon  les  sujets,  mais  encore 


24 


selon  les  divers  accouchements  de  la  même  femme  ; 
car,  chez  une  même  femme,  le  placenta  peut  se  greffer 
en  des  endroits  différents,  à chaque  gestation. 

Ce  décollement  placentaire  peut  commencer  par 
des  points  variés  de  l’organe.  Tantôt  c’est  le  centre 
qui  se  détache  le  premier;  tantôt,  au  contraire,  ce 
sont  des  parties  variées  de  la  circonférence , le  bord 
inférieur  ou  le  bord  supérieur,  par  exemple.  Ces 
différences  dans  le  mécanisme  s’accompagnent  de 
modifications  phénoménales  dans  l’élude  desquelles 
nous  allons  entrer. 

On  sait  que  le  décollement  placentaire  ne  peut 
s’effectuer  sans  un  écoulement  de  sang  plus  ou  moins 
considérable  ; c’est  même  là  la  cause  de  ces  hémor- 
rhagies qui  se  manifestent  vers  le  sixième  mois  de 
la  grossesse  , lorsque  , greffé  sur  le  col  utérin , le 
placenta  s’en  détache  par  l’effacement  et  la  dilatation 
physiologiques  de  ce  col. 

Cet  écoulement  sanguin,  dans  la  parturition  nor- 
male , nous  offre  des  particularités  selon  le  mode  de 
décollement  du  placenta.  Ainsi , lorsque  le  gâteau 
placentaire  se  détache  par  son  centre  , le  liquide 
sanguin  se  ramasse  à sa  face  utérine , comme  dans 
une  sorte  de  poche , et  ne  se  fait  jour  en  dehors 
que  par  le  décollement  consécutif  de  la  circonfé- 
rence ; le  placenta  tombe  sur  le  col  utérin , de  ma- 
nière à ce  que  sa  face  fœtale  regarde  du  côté  du 
vagin,  et  constitue  une  demi-sphère  dont  la  partie 


supérieure  concave  renferme  du  sang  liquide  ou  des 
caillots  ; quelquefois  même  le  liquide  sanguin  ou  le 
coagulum  augmentent  tellement  son  volume  , que 
son  expulsion  devient  difficile  , qu’il  peut  y avoir 
indication  à le  perforer;  ce  qui  ne  doit  pas  nous 
occuper  ici , et  se  rapproche  un  peu  de  la  délivrance 
artificielle. 

Un  autre  mode  de  décollement  du  placenta  consiste 
en  ce  que  la  circonférence  se  détache  avant  le  centre  ; 
ce  mode  est  même  le  plus  fréquent , et  présente 
deux  variétés  : dans  l’une , qui  est  la  moins  com- 
mune , le  délivre  perd  d’abord  ses  connexions  au 
niveau  de  son  bord  supérieur  ; dans  l’autre , qui 
est  la  plus  ordinaire , le  détachement  commence  par 
le  bord  inférieur. 

Si  le  décollement  placentaire  débute  par  la  partie 
supérieure  , il  peut  arriver  que  son  centre  s’écarte 
de  la  paroi  utérine  sur  laquelle  il  est  greffé  , avant 
que  les  parties  latérales  de  la  circonférence  aient 
perdu  leur  adhésion  : alors  le  sang  résultant  de  celte 
séparation  s’accumule  comme  dans  une  sorte  de 
panier  de  pigeon , et  achève  d’effectuer  par  sou  poids 
la  disjonction  complète  ; alors,  comme  dans  les  cas 
oü  le  décollement  débute  par  le  centre , le  placenta 
tombe  sur  le  col,  de  manière  à ce  que  sa  fiicc  vas- 
culaire, celle  qui  regarde  le  fœtus,  est  tournée  du 
côté  du  vagin  ; mais  pendant  ce  premier  temps , il 
y a néanmoins  une  différence  entre  les  deux  cas  ; 


26 


dans  Tun  , il  ne  se  fait  guère  d’écoulement  de  sang 
avant  le  détachement  complet;  dans  l’autre,  l’écou- 
lement sanguin  se  manifeste  pendant  le  travail  de 
destruction  des  adhérences  , mais  avec  moins  d’in- 
tensité que  plus  tard. 

Lorsque  le  placenta  commence  à se  détacher  par 
son  bord  inférieur , le  sang  coule  dès  le  commence- 
ment de  la  disjonction  ; il  cesse  de  se  répandre 
d’ordinaire  aussitôt  que  cet  acte  est  accompli  ; le 
délivre  s’enroule  alors  sur  lui-même , de  manière 
à représenter  une  sorte  de  cornet  dont  la  face  ex- 
térieure se  trouve  être  celle  qui  était  en  connexion 
avec  la  matrice. 

Si  l’on  examine  les  circonstances  qui  coïncident 
avec  ces  différentes  évolutions,  on  remarque  en  gé- 
néral que  le  gâteau  placentaire  commence  à se  dé- 
coller par  le  centre  lorsqu’il  se  trouvait  inséré  à la 
partie  supérieure  ou  fond  de  l’utérus  ; qu’au  con- 
traire , quand  il  était  greffé  sur  l’une  des  parois  de 
la  matrice , son  détachement  débute  d’ordinaire  par 
l’un  des  bords. 

2°  Trajet  dans  le  conduit  utèro-vulvaire.  — M.  Paul 
Dubois  divise  le  second  temps  de  l’expulsion  des  se- 
condines  en  deux  périodes.  La  première  comprend 
l’intervalle  qui  sépare  la  chute  du  placenta  sur  le 
col  utérin  d’avec  son  arrivée  dans  la  cavité  vagi- 
nale ; la  deuxième  consiste  dans  son  trajet  vagino- 
vulvaire , jusqu’à  son  issue  définitive.  Gardien,  Vel- 


peau  , etc.  , réunissent  ces  deux  périodes  en  une 
seule  : en  effet,  la  première  ne  constitue  un  temps 
réellement  bien  distinct  que  dans  les  circonstances 
où  le  col  est  fortement  revenu  sur  lui-même  , et 
nécessite  une  dilatation  nouvelle  d’une  certaine  du- 
rée : cette  portion  du  trajet  utéro-vaginal  de  l’arrière- 
faix  est  nulle  quelquefois , inséparable  de  celle  qui 
la  suit,  et  nous  les  réunissons  ici  comme  les  auteurs 
que  nous  venons  de  citer. 

Après  le  décollement  du  placenta , le  globe  utérin 
commence  à se  former  ; il  prend  une  forme  parti- 
culière , déterminée  par  la  configuration  des  annexes 
détachées  du  fœtus.  Si  le  placenta  s’est  enroulé  sur 
lui-même  en  forme  de  kyste , de  vessie , comme  il 
arrive  dans  le  décollement  qui  débute  par  le  centre , 
la  matrice  s’arrondit  d’une  manière  sphérique  ; si  , 
d’autre  part , les  secondines  repliées  en  volute  , comme 
une  oublie  , se  sont  primitivement  détachées  par  l’un 
des  bords , l’utérus  affecte  une  configuration  ovoïde , 
allongée.  Mais,  bientôt  après  quelques  douleurs  en 
général  légères  et  peu  multipliées  , le  délivre  franchit 
le  col  ; alors , dès  que  le  placenta  est  parvenu  dans 
le  vagin  , à moins  des  circonstances  d’inertie  locale  , 
de  faiblesse  générale  de  la  femme  , la  matrice  revient 
fortement  sur  elle-même,  s’abaisse  vers  la  cavité  du 
petit  bassin,  et  se  durcit  fortement;  le  col  revient 
de  la  même  façon,  et  les  diamètres  de  son  ouverture 
diminuent  : c’est  là  , dans  ce  retrait  des  fibres  de 


28 


l’organe  , qu’il  faut  placer  la  cause  essentielle  de  la 
cessation  de  l’hémorrhagie. 

Le  placenta  fait  éprouver  dans  le  vagin  une  sen- 
sation de  pesanteur  incommode  qui  se  propage  vers 
le  sacrum  , s’accompagne  de  quelques  tiraillements 
dans  les  aines,  et  détermine  des  mouvements  d’ex- 
pulsion. Les  muscles  des  parois  abdominales  et  le 
diaphragme  se  contractent  fortement  ; ils  refoulent 
vers  l’utérus  les  viscères  flottants  de  l’abdomen  : 
poussée  vers  la  partie  inférieure , la  matrice  chasse 
devant  elle  le  placenta  , et  des  contractions  alter- 
natives des  divers  muscles  du  périnée  achèvent  de 
lui  faire  franchir  la  vulve. 

Nous  venons  d’étudier  comment  la  nature  , se  suffi- 
sant à elle-même,  procède  dans  la  délivrance;  mais, 
ainsi  que  nous  l’avons  exprimé  au  commencement 
de  cet  article  , l’art  vient  ordinairement  à son  aide , 
même  dans  les  cas  les  plus  simples.  Or,  il  nous  reste 
à exposer  quelle  doit  être  , dans  ces  conditions  de 
délivrance  dite  naturelle  , la  part  prise  par  le  mé- 
decin accoucheur.  Mais  auparavant  il  ne  nous  semble 
pas  hors  de  propos  d’exposer  quelques  dissidences 
qu’offrent  les  annales  de  la  science  sous  le  point  de 
vue  suivant  ; dans  les  cas  ordinaires  , doit-on  ou 
non  aider  à la  délivrance  ? Nous  trouvons  ici  des 
opinions  diverses  qu’il  nous  est  facile  de  grouper  sous 
trois  chefs  principaux  ; les  uns  ont  voulu  tout  atten- 
dre des  seuls  efforts  de  l’organisme  , et  ne  coopérer 


29 


à la  sortie  des  secondines  que  dans  les  cas  oü  la  na- 
ture était  impuissante.  Plus  tard  , Mauriceau  , De- 
lamotte , et  un  grand  nombre  d’hommes  remarqua- 
bles voulurent  procéder  aussi  rapidement  que  pos- 
sible à la  sortie  artificielle  du  délivre  : cette  opinion  , 
qui  a trouvé  de  nos  jours  quelques  partisans  , expose 
à des  inconvénients  réels.  Aussi  les  idées  de  Ruysch, 
Levret,  Smellie,  Baudelocque  , etc.,  qui  veulent  que, 
dans  les  conditions  ordinaires , on  attende  le  décolle- 
ment complet  du  délivre  et  sa  chute  sur  le  col  utérin  , 
pour  qu’il  soit  permis  d’aider  à son  expulsion,  sont- 
elles  restées  dans  la  saine  pratique  de  notre  époque. 
Eu  aidant  légèrement  à la  délivrance  , lorsque  les 
adhérences  placentaires  ont  été  complètement  dé- 
truites , on  ne  craint  aucun  accident , et  on  épargne 
à la  femme  des  douleurs  inutiles , des  longueurs  sans 
but  avantageux.  Hippocrate  se  rapprochait  un  peu 
de  cette  méthode  , qui  est  d’aider  la  nature , quand 
il  voyait  que  l’expulsion  du  délivre  se  faisait  long- 
temps attendre  ; il  voulait  qu’alors  on  fît  asseoir  la 
femme  sur  un  siège  élevé,  et  que  , plaçant  le  fœtus  , 
dont  le  cordon  n’avait  pas  été  coupé  , sur  un  corps 
susceptible  de  s’affaisser  lentement , on  exécutât  ainsi 
des  tractions  légères  et  graduelles  sur  l’arrière-faix  ; 
cependant  il  y a là  des  traces  de  la  délivrance  forcée 
qu’employèrent , plus  tard , Celse  et  plusieurs  mé- 
decins de  l’antiquité. 

On  reconnaît  que  l’on  peut  aider  sans  dtcger  à 


30 


la  délivrance , aux  signes  qui  annoncent  que  le  dé- 
collement du  placenta  s’est  effectué  ; or , voici  quels 
sont  ces  signes  : la  matrice  forme  une  tumeur  dure 
que  l’on  sent  à travers  la  paroi  hypogastrique;  elle 
est  diminuée  de  volume  ; la  femme  éprouve  quel- 
ques douleurs  dans  les  lombes  et  dans  la  région 
sacrée  ; le  doigt , porté  vers  le  col , sent  le  gâteau 
placentaire  reposant  sur  son  orifice. 

L’arriére-faix  doit  suivre  dans  sa  sortie  deux  di- 
rections différentes  : il  parcourt  d’abord  l’axe  du 
détroit  supérieur,  et  ensuite  celui  du  vagin;  enfin  , 
il  se  présente  à l’orifice  extérieur  de  la  vulve  ; de 
là , trois  temps  dans  les  manœuvres  opératoires  que 
l’on  doit  pratiquer. 

Dans  le  premier  temps,  le  placenta  suit  une  ligne 
oblique  de  haut  en  bas  et  d’avant  en  arrière,  qui 
partirait  depuis  un  peu  au-dessous  de  l’ombilic  pour 
se  rendre  au  coccyx  ; si  donc  l’on  tirait  sur  le  cordon 
dans  la  direction  du  diamètre  de  la  vulve,  on  lui 
ferait  décrire  une  courbe  à concavité  antérieure,  et 
on  ferait  porter  le  délivre  sur  la  partie  antérieure 
du  col  de  l’utérus.  Aussi  doit-on  se  comporter  d’une 
autre  manière  ; le  cordon  ombilical  est  fortement 
saisi  de  la  main  droite  ; on  le  fait  passer  pour  mieux 
le  maintenir  entre  le  médius  et  l’annulaire  , puis 
dans  la  paume  de  la  main  , et  enfin  entre  l’indica- 
teur et  le  pouce  ; d’autres  le  saisissent  à pleine  main  ; 
dans  tous  les  cas , il  est  convenable  de  l’envelopper 


31 


d’un  linge  sec,  pour  éviter  son  glissement.  L’indi- 
cateur et  le  médius  de  la  main  gauche  étendus  sont 
portés  dans  le  vagin  jusqu’au  col  de  l’utérus,  la  face 
dorsale  de  la  main  étant  tournée  en  avant  vers  la 
symphyse  des  puhis  : ces  doigts  doivent  presser  sur 
la  portion  la  plus  élevée  du  cordon  et  le  refouler 
vers  la  partie  postérieure.  De  cette  manière  se  forme 
une  poulie  de  renvoi  qui  modiCe  le  sens  de  la  trac- 
tion opérée  de  la  main  droite,  et  l’élévation  du  poi- 
gnet de  la  main  gauche  fait  parcourir  au  placenta 
l’axe  du  détroit  supérieur.  Il  faut  surtout  pousser 
eu  arrière  si  l’utérus  est  dirigé  fortement  en  avant, 
obliquer  à droite  ou  à gauche  selon  les  inclinaisons 
latérales.  M.  Velpeau  préfère  se  servir  de  trois  doigts, 
le  médius,  l’indicateur  et  l’annulaire;  le  médius 
formant  le  fond  de  la  poulie  de  renvoi  lui  paraît 
s’opposer  plus  facilement  à l’échappement  du  cor- 
don qui  peut  glisser  , dit-il , si  l’on  n’emploie  que 
le  médius  et  l’indicateur,  et  s’engager  dans  leur  in- 
tervalle. 

Au  second  temps  , la  main  gauche  reste  placée 
en  arrière  de  la  symphyse  des  puhis  ; elle  empêche 
que  le  placenta  ne  s’arrête  contre  l’angle  ren- 
trant que  forme  cette  symphyse  , et  lui  présente  un 
plan  incliné  qui  favorise  sa  descente  ; l’autre  main 
exerce  des  tractions  dans  l’axe  de  l’orifice  extérieur 
du  vagin,  et  se  relève  peu  à peu,  à mesure  que  le 
délivre  s’approche  de  la  vulve. 


# 


32 


Quand  ce  dernier  est  tombé  dans  la  cavité  vagi- 
nale , les  femmes  sont  en  général  portées  à exécuter 
des  efforts  d’expulsion  ; des  pratiques  vulgaires,  que 
Guy-de-Chauliac  et  d’autres  accoucheurs  ont  pro- 
lessées,  apprennent  que  l’on  peut  favoriser  ces  efforts 
par  des  moyens  bizarres  ou  même  superstitieux,  tels 
que  les  sternutatoires  , l’action  de  se  moucher,  de 
tousser  , de  souffler  dans  une  bouteille  ou  dans  la 
main  , sur  un  grain  de  sel.  Eh  bien!  ces  efforts 
sont  inutiles  et  peuvent  même  devenir  dangereux; 
il  faut  les  modérer  , loin  de  les  prescrire. 

Le  placenta  se  présentant  à l’orifice  de  la  vulve , 

la  main  gauche , placée  en  supination  au  niveau  du 

périnée , doit  l’attendre  et  le  soutenir  pendant  qu’on 

le  saisit  de  la  main  droite.  Alors  on  le  retourne 

plusieurs  fois  sur  lui-même , de  manière  à enrouler 

les  membranes  et  à en  former  une  sorte  de  corde  : 

c’est  là  le  moyen  de  les  extraire  entières,  et  d’em- 

0 

pêcher  leur  déchirement  sur  les  bords  du  placenta. 
Si  l’on  éprouve  quelques  difficultés  par  la  rétention 
des  membranes  en  quelque  point , il  faut  temporiser 
et  ne  pas  s’exposer  à les  rompre. 

On  recommande  ensuite  d’examiner  le  placenta 
pour  reconnaître  si  aucune  de  ses  portions  n’est  restée 
dans  la  matrice  ; cette  précaution  est  inutile  lorsque 
la  délivrance  s’est  accomplie  d’une  manière  natu- 
relle. Si  la  délivrance  a été  pénible  , on  doit  le  faire 
avec  soin;  mais  les  indications  qui  se  présentent  alors 


33 


ne  sont  plus  de  notre  sujet , et  rentrent  dans  le  cadre 
de  la  délivrance  artificielle  dont  nous  n’avons  pas  à 
nous  occuper. 


O 


34 


ANATOMIE  ET  PHYSIOLOGIE. 


Déterminer  si  toutes  les  membranes  dites  muqueuses  sécrètent 
un  mucus  composé  de  globules  analogues. 


Les  mucus , que  Raspail  regarde  comme  un  résultat 
de  la  désorganisation  des  membranes  muqueuses,  et 
non  point  comme  une  véritable  sécrétion  , présentent 
des  variétés  chimiques,  parce  qu’ils  contiennent  des 
sels  différents , selon  les  lieux  où  on  les  observe. 
Ainsi , tandis  que  les  mucus  nasal  et  bronchique  se 
coagulent  par  l’acide  nitrique  , le  mucus  de  la  vési- 
cule du  fiel  par  tous  les  acides  et  l’alcool , il  arrive 
que  celui  de  la  vessie  urinaire  ne  coagule  nullement 
par  l’action  de  ces  réactifs,  mais  par  celle  du  tannin. 
Le  mucus  est  alcalin  dans  toutes  les  parties  du  corps, 
excepté  dans  l’estomac,  oü  son  imprégnation  de  suc 
gastrique  lui  donne  un  caractère  d’acidité  ; c’est , 
du  moins,  ce  que  M.  Donné  a reconnu  à l’état  nor- 
mal. Ces  différences  doivent-elles  en  entraîner  dans 
la  forme  des  globules?  et,  d’ailleurs,  pourrait-on 
avoir  le  mucus  à l’état  de  pureté  complète , l’isoler 
entièrement  de  la  transsudation  séreuse  qui  se  fait 
à la  surface  de  toutes  les  membranes  muqueuses  , 
comme  dans  tous  les  autres  organes  ? Ce  sont  des 
questions  qu’il  nous  est  impossible  de  résoudre. 


35 


SCIENCES  ACCESSOIRES. 


Exposer  les  circonstances  et  la  théorie  d’un  courant  électrique 
produit  par  les  actions  chimiques. 


Si  ron  fixe  un  corps  quelconque , un  métal , par 
exemple;  à l’extrémité  des  fils  d’un  multiplicateur, 
et  qu’on  fasse  agir  sur  ce  métal  une  substance  qui 
ait  avec  lui  de  l’affinité , et  qui  donne  lieu  à une  com- 
binaison , on  voit  l’aiguille  du  multiplicateur  osciller 
tantôt  d’un  côté  , tantôt  de  l’autre  , et  donner  des 
marques  évidentes  d’un  dégagement  d’électricité.  Mais 
il  ne  s’établit  pas,  d’après  Pouillet,  de  courant  con- 
tinu et  toujours  agissant  dans  la  même  direction.  C’est 
en  vain  qu’il  a chauffé  inégalement  les  deux  fils  du 
multiplicateur;  c’est  en  vain  qu’il  leur  a donné  un 
volume  et  une  surface  inégales;  il  n’a  réussi  à déter- 
miner un  courant  continu  que  par  l’agitation  dans 
le  même  sens  du  liquide  à combiner  dans  lequel 
plonge  la  substance. 

Il  se  développe  de  l’électricité  pendant  les  combi- 
naisons et  les  décombinaisons  chimiques  : les  gaz  ne 
font  point  exception  à cette  règle  ; mais  il  faut  user 
du  condensateur  pour  la  constater  dans  ce  cas. 


36 


Lorsque  l’oxigène  se  combine  , il  développe  de 
l’électricité  positive;  tandis  que  la  combinaison  du 
corps  combustible  donne  lieu  à la  formation  d’un  cou- 
rant négatif. 

Lorsque  la  décombinaison  s’opère,  le  contraire  a 
lieu  ; l’oxigène  dégage  de  l’électricité  négative , et  le 
corps  combustible  de  l’électricité  positive. 

M.  Pouillet  a surtout  étudié  le  développement  d’é- 
lectricité dans  la  combinaison  et  la  décombinaison  des 
gaz , pour  en  conclure  à une  théorie  sur  la  formation 
de  l’électricité  atmosphérique.  Il  pense  qu’une  surface 
de  cent  pieds  carrés  en  végétation  donne  lieu , par  le 
fait  de  la  combinaison  du  carbone  avec  l’oxigène , à 
un  dégagement  d’électricité  susceptible  de  charger  la 
plus  forte  batterie  électrique  que  nous  connaissions. 

Le  même  fait  résulte  de  la  combinaison  des  gaz  qui 
s’exhalent  incessamment  à la  surface  des  eaux. 


FIN. 


FACULTÉ  l)E  HÉDÉCLW  DÉ  KTPËILIER. 


SI” 


POUR  LE  DOCTORAT  EN  MÉDECINE, 

présentée  et  publiquement  soutenue  le  Ib  févner  1840 

PAR 

S.-r.  DURIEUX, 

de  MoNTAcniEa  (Dordo(;ne)  » 

Ëx-Chirurgiea  externe  à l'Hêtel-Dieu  Saint- André  de  Bordeaux,  ex-Chirurgien  adjoint 
à l'Hospice  des  Vénériens  de  la  même  ville,  Meinire  correspondant  de  la  société 
da  Médecine  et  de  Chirurgie  pratiques  de  Montpellier. 


QUESTIONS  TIRÉES  kW  SORT. 

I.  De  lu  marche  et  de  la  durée  de  la  maladie  sous  le  point  de  vue 

du  pronostic^ 

II.  Quelles  règles  doit-on  observer  dans  l'enlèvement  d'un  sein 
cancéreux  P — Quel  mode  de  pansement  doit-on  appliquer  à la 
plaie  qui  résulte  de  l'enlèvement  d'un  sein  cancéreux  P 

III.  Des  altérations  principales  du  lait , que  l'on  peut  constater  à 

l'aide  du  microscope  et  des  réactifs. 

IV.  Exposer  les  lois  des  attractions  et  répulsions  électriques. 


Ars  medica  tota  est  in  ohservatiombus. 

BAGLIVI. 


Chez  Jea>'  martel  aî>é , imprimeur  de  la  Faculté  de  Médecine, 

rue  de  la  Préfecture,  AO. 


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